top of page

Chronique du roman "LE CARNET DE L'OUBLIEE", de L-E. Metan



Thriller horrifique


Résumé de l’auteur :

« Le jeudi 5 octobre 1972, quatorze élèves du collège privé Jean-Monet organisent une randonnée secrète dans les bois. Ce jour-là, invitée pour la première fois parmi eux, Mathilde emporte avec elle un carnet pour y raconter son aventure. Mais l’aventure tourne au drame : un des garçons disparait sans raison et, pourchassé par un inconnu masqué, le groupe se retrouve prisonnier d’une forêt sombre et angoissante.

Entre incompréhensions, douleur, souvenirs lointains et conflits de l’adolescence, les collégiens, main dans la main, tentent désespérément d’échapper à ce qui leur paraît être un dramatique coup du sort. »


Mon avis :

Quelle découverte !


Dès les premières lignes, le lecteur entre dans l’histoire par la petite porte, à travers les yeux de Mathilde, lycéenne timide et solitaire. Invitée pour une journée avec ses camarades de classe, elle n’hésite pas à enfreindre les règles de la maison pour faire le mur et espérer nouer des liens avec les autres élèves de son lycée. Mathilde espère ainsi pouvoir se faire accepter, être moins isolée et rejetée, se faire des amis.


Le lecteur découvre ainsi les autres adolescents, à travers les rencontres que fera la jeune fille. J’ai trouvé cette entrée en matière un peu longue, fade, sans réelle action et je me suis demandé si finalement je ne m’étais pas trompé de style de roman. La crainte d’une grande déception littéraire m’a pris en quelques pages. Évidemment, il arrive que je commence un livre qui a du mal à démarrer, le temps que l’auteur mette en place ses personnages et plante son décor. Mais ici, ce n’était pas simplement une mise en place. J’avais l’impression d’être loin, très loin d’un thriller. Mais l’écriture étant particulièrement soignée et agréable, j’ai opté pour poursuivre ma lecture.


C’est ainsi que les adolescents arrivent au milieu de nulle part, dans un paysage idyllique, au bord d’une rivière. Des groupes se forment, des couples s’isolent, on se confie, on observe, on discute. Le lecteur assiste à un après-midi frais au milieu des bois, près d’une prairie verdoyante et des eaux cristallines. J’avais l’impression que des papillons multicolores virevoltaient autour des grands chênes, bercé par le clapotis de l’eau qui s’écoulait lentement aux pieds des enfants.


« Les sentiers se succédant, nous finîmes devant une vaste clairière. L’espace, verdi d’herbes douces, était dégagé et, en son centre, des pierres plates bordaient un joli étang qui a ma grande surprise était fait d’eaux claires. Le terrain était spacieux. Nous vadrouillions en plusieurs petits groupes. Comme le midi n’allait pas tarder à arriver, on décida de s’installer sur place et de profiter de l’endroit pour manger.

Nasir était avec Nathalie. Elle lui faisait goûter quelque chose que je ne distinguais pas de ma place. Matthias, William et Claude faisaient des passes avec le ballon. Les autres, dispersés aux quatre coins de la clairière, papotaient avec énergie.

Quant à moi, je me suis assise un peu à l’écart. Je me souviens de cette conversation avec Annabelle et, à l’ombre d’un arbre, j’écris pour te raconter notre journée. »


Et puis tout a basculé.


Tout à coup, je me suis retrouvé face au premier cadavre. Ensanglanté, livide, tué avec une violence inouïe. Pourquoi ? Qui ? Tout a été très vite.

Les adolescents hurlent, fuient en courant chacun de leur côté, se perdent. Comme eux, on ne comprend pas ce qui vient de se passer. On a envie de crier, de courir, de se cacher, de rejoindre la route. Mais quelle route ? Dans leur fuite, ils s’enfoncent plus profondément dans la forêt jusqu’au point de non-retour. La pluie diluvienne, le froid et la peur les rattrapent et les happent.



Normalement on voit venir le concept du tueur psychopathe avec une maison abandonnée ou une panne de voiture ou n’importe quoi d’autre. Mais là non. L’auteur nous fait basculer du monde de Mary Poppins à Souviens-toi l’été dernier en trois secondes. Je n’ai pas eu le temps de m’y préparer.


Tout au long de l’histoire, on se prête au jeu de découvrir l’identité du meurtrier, des raisons qui le poussent à vouloir éliminer ce groupe d’enfants dont la majorité a à peine 13 ans, certains guère plus vieux. Ils sont jeunes, affolés, perdus et on a peur pour eux.

Pourtant, très vite, on se rend compte que quelque chose ne va pas. Et s’il y avait un complice dans le groupe ? Mais qui ?


La narration passe d’un personnage à l’autre, faisant sauter les doutes que l’on pose parfois sur Mathilde, Xavier ou William, d’autres fois sur Suzanne ou Nathalie. Les morts se calquent sur les disparitions, au fur et à mesure que l’ombre d’un secret se dessine. Qui est donc cette Éloïse dont personne n’ose parler ? Que lui est-il arrivé ?


J’ai aimé découvrir la plume de L-E. Metan et sa façon peu traditionnelle de faire découvrir la profondeur de la noirceur humaine.


Toutefois, jouer d’un thriller avec des personnages si jeunes m’a quand même dérangé, parce que j’imagine mal de vrais pré-adolescents de cet âge vivre une telle aventure et aboutir à une situation psychologique analogue. Si les enfants avaient été décrits un peu plus âgés, je crois que j’aurais moins été sceptique sur certaines scènes.


Néanmoins, ce roman est un petit chef-d’œuvre que l’on aimerait retrouver avec délice sur un écran de cinéma, et trembler de concert jusqu’à la prononciation du prénom final.


Si vous aimez les thrillers, si vous aimez les énigmes, le suspense et le stress, je vous recommande chaudement cet ouvrage ! Vous ne serez pas déçus !

À lire par soirs de pleine lune…



bottom of page